2010-08-10 Rédiger sans être distrait

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Résumé : Depuis quelques temps, on a vu apparaître une série de logiciels qui prétendent permettre à leur utilisateur de rédiger du texte sans être distrait par des fonctionnalités superflues.

Modifié(e) :

< Il existe des solutions pour la plupart des environnements, dont Linux (j'ai rassemblé les liens en fin d'article), mais le mouvement semble bien avoir démarré sur le Mac. Comme j'ai parfois mauvais esprit, je me suis d'abord dit que c'était bien un truc de Mac-user{{ceux que j'aime détester :-). Pour ceux qui ne connaissent pas, un sketch sur l'Iphone par Jérome Commandeur [http://www.youtube.com/watch?v=AZ83HxxAjAg]}}, de disposer des machines les plus sophistiquées et les plus coûteuses de tous les temps pour y faire tourner des programmes aussi indigents.

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> Il existe des solutions pour la plupart des environnements, dont Linux (j'ai rassemblé les liens en fin d'article), mais le mouvement semble bien avoir démarré sur le Mac. Comme j'ai parfois mauvais esprit, je me suis d'abord dit que c'était bien un truc de Mac-user{{ceux que j'aime détester :-). Pour ceux qui ne connaissent pas, un sketch sur l'Iphone par Jérome Commandeur [http://www.youtube.com/watch?v=0dLwvl0e8tc]}}, de disposer des machines les plus sophistiquées et les plus coûteuses de tous les temps pour y faire tourner des programmes aussi indigents.


http://www.k1ka.be/pics/zen_00.png Wikimedia

L'éditeur zen est très tendance. Depuis quelques temps, on a vu apparaître une série de logiciels qui prétendent permettre à leur utilisateur de rédiger du texte sans être distrait par des fonctionnalités superflues. Pour s'en convaincre, il suffit d'effectuer une recherche sur les termes «distraction-free writing»[1]. L'accent n'est donc pas mis sur des fonctionnalités particulières, mais sur une interface épurée en plein écran, et un raffinement esthétique sensé émoustiller nos petits neurones.

http://www.hogbaysoftware.com/static/writeroom/mac_os_screen_thumb.jpg http://www.hogbaysoftware.com/

Il existe des solutions pour la plupart des environnements, dont Linux (j'ai rassemblé les liens en fin d'article), mais le mouvement semble bien avoir démarré sur le Mac. Comme j'ai parfois mauvais esprit, je me suis d'abord dit que c'était bien un truc de Mac-user1, de disposer des machines les plus sophistiquées et les plus coûteuses de tous les temps pour y faire tourner des programmes aussi indigents.

Tout ça m'a d'abord rendu un peu goguenard; il y a quand même de quoi s'interroger sur le côté tortueux et paradoxal de l'être humain, quand on considère qu'il y a vingt ou vingt-cinq ans, on rédigeait des textes élaborés avec ceci:

http://www.k1ka.be/pics/zen_01.jpeg

(WordPerfect2)

ou cela:

http://www.k1ka.be/pics/zen_02.jpeg

(Word pour Dos3)

...sur des machines cadencées à 25Mhz, qu'on est passé par des interfaces graphiques et des versions de traitements de textes où les barres de menu ont fini par occuper 15 ou 20% de la hauteur de l'écran... Par un curieux retournement, le fin du fin serait donc à présent de proposer un écran quasi-vide, sur des machines 100x plus rapides. Voici par exemple celui de PyRoom, avec juste un cadre pour indiquer la fenêtre d'édition:

http://www.k1ka.be/pics/zen_03.png

et son écran d'aide auquel on parvient par Ctl-h:

http://www.k1ka.be/pics/zen_04.png

L'interface d'OmmWriter pour Mac:

http://www.k1ka.be/pics/zen_05.png

(Il y a une vidéo de démonstration[2].)

S'agit-il d'éditeurs ou de traitements de texte? On ne peut y répondre de manière tranchée, les possibilités de mise en forme étant variables, mais elles sont de toute façon assez réduites. Et quand elles sont inexistantes, il n'est écrit nulle part qu'on n'obtiendra «que» du texte brut. Bref, je ne serais pas étonné qu'une bonne partie des utilisateurs - sous Windows ou Mac, en tout cas - seront des gens qui n'avaient jamais utilisé un éditeur, et tout d'un coup trouveront ça formidable.

Utilisateurs de Vim, d'Emacs, de Kate ou de Gedit, comme un certain M. Jourdain, nous pratiquions tous le distraction-free writing sans le savoir.

Cela dit, je ne conteste pas qu'on est toujours distrait par un tas de choses quand il faut s'atteler à un vrai travail de rédaction. À une époque où je devais rédiger pour une revue associative, je ne parvenais à m'y coller - la nuit qui précédait le dernier délai, ça va de soi - qu'en me rendant dans mon grenier où se trouvait un PC minimaliste servant à mes backups, et où X n'était pas installé. Et j'y utilisais Vim en mode texte...

Donc, j'ai quand même voulu tenter l'expérience, et comme ma distribution n'est pas des plus récentes, je me suis limité à deux de ces programmes qui se sont installés sans grands efforts, Pyroom[3] et Jdarkroom[4].

Et je dois le reconnaître, ça ne manque pas d'intérêt. Qu'est-ce qui procure une sensation différente par rapport à un éditeur conventionnel en plein écran ? Ça peut sembler idiot, mais ça doit être la taille des marges. Après tout, même quand on travaille dans le monde physique, avec une feuille de papier et un crayon, on est parfois pris du besoin irrépressible de repousser tout ce qui traîne autour.

Ce que je retire de cette brêve expérience, c'est

Les fonctionnalités de ces éditeurs me laissent plutôt sur ma faim. Jdarkroom permet d'exporter le contenu en le transmettant à Markdown, ce qui permet une sauvegarde en html si on utilise ce balisage, mais j'aimerais pouvoir un peu intervenir sur les modalités d'exportation (et obtenir directement du PDF par exemple, ce qui serait tout à fait faisable en enchaînant une série de filtres).

Moi qui utilise Vim en temps ordinaire, tout en n'en maîtrisant que des rudiments, je regretterais de ne plus disposer de ses facilités de recherche, de remplacement, et de «pliage»[5], entre autres. J'avoue ne pas avoir trouvé dans cette usine à gaz si à l'heure actuelle, son interface pourrait être intégralement adaptée de cette manière, mais il y a cependant des utilisateurs qui ont trouvé comment s'en approcher en masquant les menus à la demande[6], [7], de même pourEmacs.

Mais rien n'est cependant perdu...

Une solution avec Fluxbox

Fluxbox permet d'éliminer toutes les décorations d'une fenêtre via une commande interne, et inversement de les rétablir. Tout est bien expliqué dans cette page du wiki.

J'ai donc précisé dans .fluxbox/keys le raccourci

  Mod4 d :ToggleDecor

(soit fenêtre+d) qui permet d'agir sur la fenêtre qui a le focus.

Pour lancer une application sans aucun décor, il faut lui attribuer cette propriété en fonction de son nom dans le fichier .fluxbox/apps. Lorsqu'on lance une application dans un terminal, on peut ajouter à cet effet l'option -name.

Bref, en insérant dans mon menu

  [exec] (VimZen) {xterm  -bg  "dark slate blue" -fg white \
          -fn '-misc-fixed-medium-r-*-*-20-*-*-*-*-*-iso10646-*' \
          -name zen -e vi } </usr/share/pixmaps/konsole.xpm>

...Vim est d'abord lancé de façon ordinaire dans une fenêtre avec décorations.

http://www.k1ka.be/pics/zen_05.jpeg

Mais il suffit alors de cocher les options souhaitées (position, décorations...), et, surtout, Save on close, qui enregistrera ces choix.

Une fois cela fait, on utilise le raccourci précité pour éliminer les décorations, et on quitte Vim via ses fonctions internes (soit ":q" ou "ZZ"). Cela sera enregistré dans .fluxbox/apps :

 [app] (name=zen) (class=XTerm)
  [Position]    (UPPERLEFT)     {110 29}
  [Deco]        {0x40}
  [Close]       {yes}
 [end]

et au démarrage suivant, on obtient notre éditeur "zen", au milieu d'un écran vide si la barre de tâches est auto-escamotable:

http://www.k1ka.be/pics/zen_06.jpeg

Il serait sans doute possible d'obtenir quelque chose de plus joli avec un terminal semi-transparent et un fond d'écran discret, mais pour ma part, je ne suis pas parvenu à faire fonctionner la transparence du terminal sous Fluxbox, malgré une bonne heure de recherches infructueuses sur ce sujet...

Étonnez-vous ensuite qu'il y ait des candidats pour acheter du Mac :-).

Références et liens

pour Linux, ou multi-plateformes

pour Windows

pour Mac

Footnotes:

1. ceux que j'aime détester :-). Pour ceux qui ne connaissent pas, un sketch sur l'Iphone par Jérome Commandeur [8]
2. Je n'ai pas investigué très loin dans l'utilisation de WordPerfect, mais son apprentissage ne devait pas être une partie de plaisir. Malgré cela, il a continué à être utilisé longtemps par certain(e)s en mode fenêtré sous Windows. J'ai reçu le témoignage d'un professionnel qui en son temps avait installé Windows95 pour des secrétaires aguerries. Tout ce qui les inquiétait, c'était de savoir si elles auraient toujours l'icone de WP-DOS sur le bureau...
3. La version de word présente ici, je l'ai récupérée sur un PC que j'ai désossé, et j'ignore quelle est cette version, car elle est incomplète. Mais je trouvais son interface simple et ingénieuse, avec ses commandes alignées dans un menu au bas de l'écran, qu'on activait simplement avec «Esc». Lorsqu'on en sélectionne une, c'est une autre série de commandes qui est alors proposée. Et mine de rien, le nom des commandes réagit au clic de souris.