Présentation de la version 1

2011-12-17 Windows a rattrapé beaucoup de son retard sur Linux

Différence entre les versions 1 et version 1

Résumé : '''...et dans ces conditions, pourquoi ne retournerais-je pas sous Windows ?''' La formule qui intitule cette page est celle que j'aimais . . .

Les deux versions sont identiques.

...et dans ces conditions, pourquoi ne retournerais-je pas sous Windows ?

La formule qui intitule cette page est celle que j'aimais utiliser malicieusement lorsque quelqu'un, sachant que j'utilisais ce système d'exploitation dont on commençait à peine à parler, me demandait de le comparer à Windows. Ça avait l'air d'une boutade, mais ça n'en était pas vraiment une. À l'époque où j'ai fait mes premiers pas sous Gnu/Linux, le grand public passait de Windows 3.1 à Windows95. Les quelques distributions Gnu/Linux qu'on trouvait à cette époque - la Slackware[1], la Mandrake[2] qui deviendrait Mandriva, la Redhat, la Debian dont l'installation était une épreuve de force tant il fallait créer de disquettes1 offraient des interfaces dont l'apparence ferait sourire à présent.

C'était en général un bureau basé sur Fvwm. S'il offrait bien une barre de tâches, une petite horloge, un pager et un menu hiérarchisé, la présence d'une application dans celui-ci ne garantissait nullement qu'elle était installée...

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/ed/Fvwm1-wikipedia-20050312.png/640px-Fvwm1-wikipedia-20050312.png

Un avatar de ce gestionnaire de fenêtre fut baptisé Fvwm95 et reproduisait assez fidèlement la barre de tâches et le menu de son concurrent, pour ne pas dépayser les transfuges.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a9/Fvwm95.png/640px-Fvwm95.png

En dehors de son look un peu désuet, ce gestionnaire offrait quasi tout ce que permettent ses successeurs les plus récents. Ses possibilités de configuration semblaient illimitées, et c'était bien là le problème; l'édition du fichier de configuration nécessitait un apprentissage à lui seul - j'ai toujours la version imprimée de sa page de manuel, elle représente 62 pages A4 bien remplies. Quand on pense qu'il fallait passer par là pour simplement ajouter une entrée de menu, on mesure la distance qui séparait les utilisateurs de Windows 3.1 de ceux qui tentaient l'expérience avec Linux.

Les applications susceptibles d'être utiles au grand public étaient elles aussi assez rudimentaires; il n'y avait pas de suite bureautique libre digne de ce nom, et les suites payantes2 étaient elles-mêmes assez en retrait par rapport à la maturité incontestable de MS-Office.

Les ressources matérielles pour faire fonctionner l'interface graphique étaient aussi assez élevées, on l'a un peu perdu de vue. Il fallait disposer de 16 Mo de RAM au minimum, alors que mon premier PC sous Windows 3.1 n'en offrait que 4. L'avantage concernant les besoins en hardware des deux systèmes ne s'inverserait que plus tard3.

Pourquoi dans de telles conditions la formule précitée était-elle cependant pertinente ? Parce que malgré sa rusticité, Gnu/Linux offrait à l'époque un système réellement multi-utilisateur, 32 bits, où chaque utilisateur disposait d'un environnement et d'un espace de stockage protégé par mot de passe (quelle paix dans les familles...).

Il était aussi doté d'un système de fichier supportant des noms d'une longueur considérable, d'une capacité inédite à fonctionner en réseau, et d'une stabilité alors incomparable.

En comparaison, Windows infligeait encore l'usage de noms de fichiers de 8 caractères, et 3 de plus pour l'extension. Et la migration vers Windows95 s'est d'abord fondée sur une solution bancale où les noms de fichiers longs n'étaient apparents que dans l'interface graphique. Dès qu'on dépassait les limites du pattern 8+3, les noms étaient alors tronqués et enregistrés sous une forme incorporant des tildes et d'autres joyeusetés les rendant inamicaux et méconnaissables au possible (j'imagine qu'il existait quelque part une table de correspondance). Comme les défaillances du système imposaient assez fréquemment de passer sous DOS et de les récupérer sous cette forme, on mesure qu'il était aventureux de s'y fier.

Le souvenir que je garde de l'usage de Windows 3.1 était que le système se figeait ou redémarrait inopinément trois ou quatre fois par soirée, qu'on me détrompe si j'exagère...

Il suffisait qu'un de mes enfants utilise un jeu ou l'autre pour que la carte son soit rendue muette au démarrage suivant. On ne savait pourquoi, ça semblait dans l'ordre des choses, le rétablissement d'une situation antérieure passant par des procédures d'où toute rationalité semblait absente, la même démarche pouvant échouer plusieurs fois, puis réussir l'heure d'après.

La gestion de la mémoire RAM sous Dos n'était pas une partie de plaisir non plus. Il fallait jongler avec des gestionnaires de mémoire créant des espaces de mémoire «paginée» ou «étendue» au-delà des misérables et fatidiques 640 ko pour lesquels ce système a été créé4.

Vu que les programmes avaient des exigences différentes, en particulier les jeux, il était fréquent d'utiliser des disquettes de boot spécialement configurées pour certains usages.

Quelle époque... Je ne le jurerais pas, mais on m'a prétendu que c'était toujours le cas dans les premières versions de Windows95, et que l'interface ne faisait que masquer cette complexité sous-jacente. En comparaison, sur mon premier mode d'emploi de Linux, on m'apprenait que celui-ci utiliserait toute la mémoire disponible, sans que j'ai à me préoccuper de quoi que ce soit.

Bref, les améliorations intégrées progressivement à Windows et qui en ont fait un système décent aujourd'hui, étaient en fait présentes depuis longtemps sous Gnu/Linux.

Je n'ai jamais installé un environnement Windows postérieur à Windows95, et encore s'agissait-il d'un CD (OEM quoique parfaitement authentique...) cédé par une connaissance, qui a permis à mes enfants d'utiliser leurs jeux, et à moi, je dois le reconnaître, mon premier scanner, qui n'était pas reconnu sous Gnu/Linux. Mais j'ai connu l'usage des versions ultérieures de Windows dans le cadre de mon travail de salarié, où, déchargé et d'ailleurs interdit de toute tâche d'administration, j'ai goûté à WindowsNT et plus tard à WindowsXP (je n'ai jamais touché à Windows Vista ni Seven). Toute considération que j'émet sur cet environnement ne doit donc être considérée que comme celle d'un utilisateur candide, ignorant de ce qui se cache sous le capot, et c'est très bien ainsi.

Je n'ai guère à m'en plaindre, honnêtement. Il faut dire que les seuls logiciels installés sont à peu près la suite MS-Office, Acrobat-Reader, un émulateur de terminal et un anti-virus. Comme il est courant aujourd'hui, de plus en plus d'applications professionnelles s'exécutent via un navigateur, InternetExplorer en l'occurrence, vous l'auriez deviné. Il serait quand même étonnant que dans de pareilles conditions un système ne soit pas stable.

Même si j'éprouve une antipathie de principe pour cet environnement, je dois donc reconnaître que son usage au quotidien n'est plus le chemin de croix qu'il a été. Alors, si l'on fait abstraction de tout le côté éthique, politico-philosophique du logiciel libre, ainsi que de la pérennité des données que je confie à mes ordinateurs - ce qui à vrai dire me semble peu envisageable en l'absence de logiciels libres - quel avantage me reste-t-il vraiment à utiliser Gnu/Linux plutôt que Windows ?

Des éléments de réponses viendront dans un autre article.

Footnotes:

1. Les PC ne bootaient pas sur un lecteur de cdrom. La Slackware demandait de créer 2 disquettes, une contenant un noyau approprié au matériel, l'autre le système minimal d'installation. Il fallait bien sûr un autre support pour les paquets à installer. La Slackware a cependant été la dernière à permettre une installation intégralement à partir d'une cinquantaine de disquettes. Si j'ai bon souvenir, la Debian demandait de créer 5 (!) disquettes. Il était fréquent que la procédure échoue à cause d'une erreur de lecture de l'une de celles-ci...
2. Je me souviens d'une suite dénommée Applixware[3] qui a été détrônée par starOffice. Il y avait aussi WordPerfect pour Linux.
3. Linux a eu pourtant une réputation de frugalité dès le départ. Je pense qu'il était perçu ainsi en comparaison des Unix commerciaux de l'époque
4. Chose amusante, une recherche sur «dos gestion mémoire ram» pour tenter de me remémorer la chose m'amène à une page de support de Microsoft[4]: «Cet article fournit une description générale des écrans différents de mémoire disponible dans l'environnement MS-DOS sur les systèmes D'ORDINATEUR et PS/2. Il décrit également les types de logiciels utiliser ces différentes zones et les pilotes sont nécessaires pour créer et contrôler des ces zones. » Et l'on ose dire que Microsoft n'a pas le souci de ses utilisateurs! :-)